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la seyne sur mer - Page 5

  • J’ai ce que j’ai donné, disait Giono.

    En ce début d’après-midi, le jour est comme l’été : il fait beau, il fait chaud ; tout est splendide. On suit petites routes et petits chemins pour rendre visite à une amie très chère qu’on aide un peu sur le chemin de sa convalescence. Le lit est dressé au milieu du salon, face au jardin. Tout près, la table est submergée par les boîtes de médicaments ou de pansements ; une perfusion attend que ce soit le soir pour être branchée.
    On discute. On rit. On papote. On écoute. On raconte. On regarde les fleurs du jardin. On les nomme. On voit le lilas. On raconte qu’on en a vu un, pendant la semaine, dont les fleurs mauves étaient abondamment odorantes. On ajoute qu’on aime le lilas.
    - Attends, on va t’en donner.
    Et le mari de cette amie s’en va dans le jardin et revient avec un gros bouquet de lilas mauve.
    On continue à parler de choses et d’autres, et en particulier des chênes centenaires près de Bargème et du Lachens où on compte bien retourner tous ensemble. On raconte la dernière promenade de l’été dernier, quand, à peine l’aube passée, on marchait sur les touffes de thym odorant.
    - Il t’en reste, d’ailleurs, du thym ?
    - Quasiment plus. Il faudra que j’aille bientôt à la cueillette dans la colline !
    - Attends, on va t’en donner.
    Et le mari de repartir dans le jardin et de revenir avec un bouquet de thym en pleine fleurs.
    On continue à parler de choses et d’autres, à faire rire, à parler de l’organisation de la prochaine fête du village. Puis, on dit qu’on doit partir car c’est la messe des Rameaux.
    - Et tu en as, des rameaux ?
    - Non, je vais en prendre à l’église, en arrivant.
    - Attends, on va t’en donner.
    Le mari retourne dans le jardin et revient avec un gros bouquet d’olivier et de laurier dont les branches sont attachées avec du rafia.
    - Je te ramènerai du rameau béni.
    - Oui, c’est gentil.
    On repart en repensant à ce qu’écrivait Giono : j’ai ce que j’ai donné. C’est cela, aussi, qui rend fort.

  • Jasmin.

    En allant aux courses, faire un détour par la rue qui longe la bibliothèque du Clos St Louis : on sait y trouver du jasmin, mais on ne sait pas s’il a déjà fleuri dans cette deuxième partie du mois de mars.
    Dès le virage, on l’aperçoit. Fleuri. L’ensemble reste sombre, de cette teinte lie-de-vin qui précède la floraison, mais ça et là de petites fleurs à corolles blanches ont déjà pointé vers le jour.
    On presse le pas. On arrive juste devant. Des deux mains, on approche le jasmin du visage pour en respirer le parfum. Qui n’a pas senti le parfum du jasmin ne sait peut-être pas encore ce que peut être la douceur de vivre.
    On coupe deux branchettes le plus délicatement possible. Elles flottent ensuite au rythme des pas qui ramènent à la maison.
    Dans le petit vase dédiée au jasmin au Printemps, on les installe avec précaution pour ne pas froisser les fleurs et brusquer le parfum délicieux. Les tiges souples regardent tout autour d’elles : on les a posées sur le bureau, au milieu des livres. On s’émerveillera tout au long du jour, durant la nuit aussi, et au matin encore plus, de ce que deux branchettes de jasmin embaument toute la maison qui n’a quasiment pas de portes.